mardi 8 septembre 2015

Xavier Dolan




Aujourd’hui ce sera cinéma et plus particulièrement le cinéma de Xavier Dolan.
Il y a un peu plus d’un an, tout le monde ne parlait que de lui à Cannes avec son film Mommy. Et encore plus quand le film est sorti en octobre 2014. Perso j’avais tenté de regarder « Les amours imaginaires » mais pas sensible au message qu’il voulait faire passer, je ne suis pas allée bien loin dans le film. Du coup j’étais restée sur un sentiment d’incompréhension de son travail. Surtout je ne comprenais pas qu’on puisse l’encenser de la sorte.
Et puis je me suis intéressée à un autre cinéma, moins grand public et plus profond à mon sens. J’avais envie de voir Mommy mais je me disais qu’il serait bien de voir ses autres films avant, peut être pour mieux cerner son travail. Puis le temps a passé.
Et puis j’ai été jury pour le magazine ELLE et ce film est souvent revenu dans les conversations. D’ailleurs il était dans la sélection de 2014. Oui mais seulement moi, je ne l’avais pas encore vu. J’avais l’impression qu’il me manquait quelque chose.
Alors j’ai décidé de voir ses films depuis le premier jusqu’à Mommy.
S’il y a bien quelque chose que j’apprécie dans le fait de vieillir, c’est le fait de prendre plus de recul sur les choses et d’avoir la maturité pour les apprécier.
Peut être aussi que la vie, et des évènements marquants aussi, font que je vois les choses autrement aujourd’hui. 



Une histoire entre une mère et son fils. Une histoire comme il pourrait y en avoir des tas. Une histoire qui pourrait être vraie et qui l’est surement quelque part. J’ai aimé ce film pour son propos, pour la justesse des sentiments, pour cette réalité si bien filmée. C'est esthétique, c'est beau, c'est fort. Anne Dorval est plus que crédible. On l’aime autant qu’on la déteste. On se reconnaît au travers du personnage principal joué par Xavier Dolan. On le sent sur de lui parfois et ensuite complètement perdu dans ses sentiments. On aimerait l’aider mais on ne peut pas. Pour un premier film, c’était très prometteur. Dolan a amorcé cette prédisposition à sublimer les sentiments de ses héros ou plutôt anti-héros.



Si je dois le « comparer » à son 1er film, je dirais que j’ai préféré celui ci et que je l’ai trouvé plus abouti. Une histoire d’amour triangulaire… 2 amis, fille et garçon, amoureux du même garçon… Je lis souvent que Xavier Dolan aime mettre en valeur ses acteurs. Oula oui. Là je peux dire que le film est beau. Les couleurs, les ambiances, le son, on sent que tout est pensé, maitrisé et qu’il a fait le film qu’il voulait. Et en même temps si on ne réfléchit pas autant, on dirait que ça coule de source. Le film ne pourrait pas être fait autrement. Monia Chokri est sublime. Vintage et belle. Les acteurs sont beaux également. On s’y retrouve. Chaque plan est soigné. J’aime la mise en scène. C’est subtil. On a l’impression que le film a été tourné il y a des années par un réalisateur ayant de la bouteille et puis pas du tout. C’est hyper contemporain. Le grain est magnifique. Ce film va au delà du propos qui est très simple et compliqué à la fois. Les dialogues, les mimiques de certains personnages sont justes et mémorables. J’aimerai le revoir tous les jours pour cibler chaque détail.


L’histoire d’amour entre une femme et un homme qui souhaite devenir femme… Il paraît que Xavier Dolan repousse les limites de ses acteurs. J’ai pu le constater dans ce film. Il les pousse à aller au bout des choses. C’est parfois très violent. On se prend une véritable claque à chaque sentiment des personnages. Cette histoire d’amour on y croit. Ils s’aiment et Xavier Dolan a su très bien nous le montrer. On vibre pour eux. Dans ses 2 premiers films, on parle d’amour certes mais on ne peut pas comparer l’amour d’une mère et les fantasmes de jeunes gens. Là ce sont 2 personnes qui s’aiment d’amour. On ne peut rien contre cela et ça, il a su nous le faire comprendre. Le film est peut être un peu long parfois mais je crois que c’était le temps nécessaire pour nous faire vivre tout cela. Melvil Poupaud est bluffant, Suzanne Clément me donne envie d’hurler avec elle par moment. C’est une fois de plus brillant. J’ai retrouvé l’esthétique « Des Amours Imaginaires ». Les ralentis sur les personnages sont autant de subterfuges pour mettre ses acteurs en valeur. On a parfois l’impression de voir des tableaux tellement les images et les décors sont léchés. L’histoire se passe dans les années 90, j’ai voyagé dans le temps. Tous les détails sont pensés, on y croit. Une mention spéciale pour Nathalie Baye qui est bouleversante.


Voilà ce que j’imaginais de Dolan. De la tension, de la violence et que le film me pose des questions. Et c'est pour cela que je m'étais déjà fait un avis négatif... Là on y est. Et j’ai beaucoup moins aimé que les 3 premiers films. Tom se rend aux funérailles de son conjoint et découvre la famille de celui ci. Famille vivant à la ferme au beau milieu de la campagne. Ce film est un mélange de sentiments complexes. Sadomasochisme, homosexualité refoulée, on ne sait pas trop où se placer. L’ambiance est extrêmement pesante, on se croirait dans un épisode de la saison 1 de True Detective. Il faut savoir que cette histoire est tirée d’une pièce de théâtre du même nom. Du coup, il est vrai que Dolan est un peu éloigné de son registre habituel. Mais on retrouve malgré tout sa touche. Le fait de s’être donné le premier rôle reste sa meilleure idée, cela permet à nous spectateurs, de retrouver son cinéma. Je ne peux pas dire malheureusement que le film est esthétiquement beau. Ses autres films le sont beaucoup plus. Là c’est trop sombre à mon goût et les décors ne sont pas à son image. Mais je mets cela sur le compte de l’histoire qui n’est pas vraiment la sienne. Je suis donc ravie que ses films ne soient pas tous comme celui là. Ici il m’a manqué la poésie de ses histoires originales, ce don si précieux que Dolan a pour conter les sentiments de ses personnages.


Me voilà donc enfin en face du très adulé Mommy. Et pour cause. Que dire. L’histoire d’une mère qui cherche à protéger son fils du mal qui le ronge… C’est un film qui nous fait retenir notre respiration puis par moment on respire de nouveau pour mieux replonger ensuite. Le fait que le film soit en plan serré puis plus large parfois nous donne cette impression de respiration. Que c’est beau. C’est son plus beau film. A tous les niveaux. Comme pour « Laurence Anyways » j’ai parfois l’impression de voir de vrais tableaux. Ses personnages sont d’une telle beauté, d’une telle rage à la fois. Ce grain doré les sublime encore plus. J’aime les ambiances monochromes qu’il met en place sur certaines scènes, cela renforce le propos à mon sens. Les gros plans sur les regards sont intenses. L’histoire est poignante, on n’en ressort pas indifférent. C’est une véritable gifle. C’est une nouvelle fois plein d’émotions. On rit, on a souvent le sang glacé et même, le film nous tire les larmes. Anne Dorval et Suzanne Clément sont superbes dans leurs rôles de femmes fragiles mais fortes à la fois. Antoine-Olivier Pilon est la révélation du film bien évidemment, on en oublie qu’il joue un rôle tant il est crédible. La musique joue un grand rôle également, elle embellie certaines scènes. C’était un point déjà important dans ses autres films comme dans « Les Amours Imaginaires » ou « Laurence Anyways » mais ici les chansons, même les plus désuètes, nous racontent avec passion cette histoire qui m’a plus que bouleversée. De plus, je vais dorénavant pouvoir utiliser l'expression "avoir de l'entregent" pour briller en société ;)


 

 




Ce que j’aime le plus dans son travail, c’est son rapport aux sentiments. Je n’ai pas l’impression de voir des acteurs sur l’écran, je vois juste des personnes qui vivent d’une manière très forte leurs sentiments. Il a ce pouvoir là. Celui de faire vivre avec force et puissance des émotions dans lesquelles, nous pouvons tous nous retrouver.
J’aime les anti-héros et ses films en sont remplis. J’ai tellement envie que ces personnages là gagnent à la fin. Il y a des films où l’on aimerait pouvoir y participer un instant pour rentrer ne serait-ce que quelques secondes dans la vie des personnages pour être simplement avec eux. Les films de Dolan me donnent cette envie là.
Et puis cette place qu’il donne aux femmes ne me laisse, bien entendu, pas indifférente. Ces rôles de femmes, de mères sont si émouvants. Il sait si bien mettre en valeur ses acteurs mais surtout ses actrices. Elles sont d’une beauté que j’ai beaucoup de mal à décrire tant je suis touchée.
Alors on va peut être dire que j’en fais trop sur son travail, qu’il est déjà bien assez encensé comme cela. Je m’en moque, j’avais envie de partager cela. Peut être qu’on dira qu’il est mégalo ou je ne sais quoi encore, pas assez si ou trop ça. Moi maintenant je peux dire que je connais son travail et qu’il ne faut pas critiquer tant qu’on a rien vu. Je voulais me faire ma propre opinion, c’est chose faite. Ce que j’attends de lui est de voir de beaux films et je crois qu’il fait plutôt très bien le job.  
Et puis ce qui me réjouit le plus avec Xavier Dolan, est le fait qu’il soit si jeune et qu’il reste encore beaucoup d’années à apprécier son travail.

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